J’ai répondu à l’invitation faite aux artistes de l’Association des Artistes du Loir-et-Cher à laquelle j’adhère. Après délibération du jury, j’ai été retenue pour présenter une de mes œuvres aux Vitrines de l’Art du 03 au 14 octobre. Cette aventure encadre l’évènement annuel très attendu Les Rendez-vous de l’Histoire, qui s’est tenu du 04 au 08 octobre 2023 dans la ville de Blois.
Le thème de la 26e édition était « Les Vivants et les Morts ». Mes paysages désolés se sont imposés à moi tel un voyage vers L’Île des Morts de Böcklin.
« Les Vivants et les Morts » : Le sujet est intime, c’est une affaire de conviction. Chacun de nous ne peut que travailler sur sa relation à la vie, à la mort des autres et apprivoiser ou fuir l’idée de sa propre fin… mais est-ce une fin ?
La mort de mon père alors que ma fille est toute petite me tourmente sur le principe de transmission. C’est comme si un livre magnifique avait brûlé avant que je m’imprègne de toutes ses pages et me voici orpheline d’une partie de mon histoire. Un ange passe ! Tant pis pour toutes ces questions qui restent en suspens tant que je tiens la main de mon enfant de ce côté-ci du miroir.
Le cycle de la vie scande les saisons comme une mue éternelle. Mon père s’incarne dans chaque arbre que je photographie. Quant à l’eau, sans elle pas de vie. Elle est aussi l’élément de la transformation des états et un conducteur formidable.
Voici la trajectoire intérieure qui m’a guidée comme une intuition vers ce travail photographique :
« Alors je m’engage sur ce sentier vers l’inconnu, sans frontière, sans réponse. Soudain je ressens sur mes épaules le poids d’une couverture invisible. Le souffle du vent me suggère une présence bienveillante comme un mystère qui ne se vante pas d’en être un. Au hasard de mon pas, des « signes » font mon radeau mais la mer est d’huile. J’embarque et je dérive sur ce miroir. L’esprit lourd, le cœur noué au passé, je m’arrime à tout ce qui effleure mon âme. Tu avais raison Papa, désormais je dors à la belle étoile.
Les symboles sont mes lanternes vaines : bien enracinés, érigés avec force et majesté, je te retrouve dans les grands arbres qui jalonnent mon chemin, témoins silencieux du temps qui passe. Comme eux, tu as inscrit pudiquement au plus profond de tes cernes les événements qui t’ont touché à fleur d’écorce.
Alors comme une promesse, je perpétue ce legs de ton sang qui coule désormais dans ses petites veines. »