SUMMUM AMATUM

Le 1er thème de la Galerie Wilson est « Éros »:

Dieu de l’amour dans la mythologie grecque, il représente le désir ou le plaisir sexuels. Alors je fouille dans ma mémoire. Quelle vision m’a émoustillée ? La beauté de ce Christ dans l’église St-Gervais-St-Protais m’a subjuguée. Son histoire est singulière : le romantique Auguste Préault l’a sculpté en 1840/46. Refusée deux fois pour « manque d’élévation », Préault menace un prêtre de devenir mahométan. La crainte d’une apostasie fait entrer la sculpture dans un recoin de l’église.

« Summum Amatum ». Détail du Christ en bois de chêne sculpté par Auguste Préault.

C’est étonnant la subjectivité !

« Ce n’est pas le Christ, c’est le mauvais larron qui a bu du vitriol » dixit un curé. Moi, je suis restée un long moment à le contempler le considérant sous toutes les coutures. Qu’est-ce que c’est que ce corps masculin aux muscles dessinés, aux proportions parfaites, à la cambrure équivoque ? Le drapé ne cache rien des fesses, des hanches, de l’aine. Bouche ouverte on le disait agonisant criant sa douleur. Mais je le détaille. Ce visage est extatique. Ce corps est offert au regard, au désir… Quelle sensualité ! Et on l’admire avec chasteté ?! Comment ne pas comprendre une religieuse virginale qui « se marie » à cet homme sublime de corps et d’esprit ?

 

Puis-je exploiter mes photos pour ÉROS ?

Loin de moi l’envie de provoquer mais je me heurte à quelques réticences de mes proches. Il faut muscler mon argumentation, poursuivre mes recherches afin de titrer ma série. Et c’est là que je tombe sur un article dans Libération relayant l’essai de Philippe Guenin intitulé « L’Éros Mystique ». Il évoque le témoignage de Ste Angèle de Foligno. Sa rencontre avec le Christ est si intensément physique dans le sens corporel et sexuel que je décide de contacter l’auteur. Je veux en savoir plus, lire son essai et le citer s’il accepte. Il me répond aussitôt en me présentant un autre article sur Ste Thérèse d’Avila. On évoque volontiers la pénétration de son cœur mais ses écrits sont sans équivoque. Les descriptions de leurs extases charnelles finissent de me convaincre que je suis légitime dans mon rapprochement entre Éros et le Christ.

Ma série trouve son nom dans les écrits d’Angèle : Summum Amatum, « L’Amant Suprême » en latin.

Voici le lien vers mon blog où j’ai posté quelques photos du vernissage de l’exposition « Éros ».